Par Marie Pezé - Psychologue clinicienne
Expert judiciaire, elle a dirigé la consultation Souffrance et Travail de Nanterre jusqu’en juin 2010. Elle est l'auteur de « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés » (Pearson, 2008) et de « Travailler à armes égales – Souffrance au travail : comprendre et agir » (Pearson, 2011)
Vous pensez que ce qui se passe à votre travail, « c’est comme ça, on n’y peut rien » ?
Non !
C’est notre affaire à tous et nous y pouvons quelque chose. Le désengagement du travail est une menace pour notre société. La contestation syndicale et les mouvements collectifs sont remplacés par un désengagement collectif. Nouvelle posture individuelle, répandue sans être pour autant orchestrée, qui s’avère préjudiciable à l’exécution d’un travail de qualité, à la construction du tissu social.
Au lieu de nous replier sur du chacun pour soi, défendons l’autre par principe. Car ce qui lui arrive peut nous arriver. Défendons-le même si nous ne l’aimons pas, soyons attentifs à son état, à son comportement, à son repli. Ne le laissons pas se débattre seul. La mise au ban d’un être humain est meurtrière. Les salariés qui décompensent sont les plus engagés dans le travail. Porteurs d’une éthique professionnelle forte, moteurs pour leurs collègues, ils sont des « salariés sentinelles ».
Dans ces temps de solitude, surtout dans les grandes villes, si vous êtes en difficulté au travail, cherchez un appui pour ne pas tomber.
Dans l’entreprise, parlez-en au médecin du travail, aux délégués du personnel, aux délégués syndicaux, aux membres du CHSCT, aux ressources humaines, à votre manager.
En dehors, aux amis, à la famille, à votre généraliste. Allez consulter, n’essayez pas de tenir à tout prix. Il existe cinquante services de pathologies professionnelles, plus de trente consultations spécialisées. Allez voir un défenseur syndical , un avocat pour évaluer votre situation.