Le cocktail gouvernemental pour un rééquilibrage des régimes de retraite est un dosage incertain entre augmentation des recettes et durée d’activité. Les recettes ciblent une cotisation
exceptionnelle sur les hauts revenus ainsi que les revenus financiers des entreprises, sans plus de précision. Le montant des ressources supplémentaires attendues serait au plus 2 à 3 milliards
d’euros. L’équilibre financier de nos retraites n’est donc pas assuré. Mécaniquement, il se réalisera par la baisse des pensions : inacceptable !
Le document d’orientation affiche la volonté de maintenir le pouvoir d’achat des futurs retraités au niveau de celui des actifs, mais en englobant l’ensemble des revenus, y compris le patrimoine
: nous ne sommes plus du tout dans une dimension retraite ! La réalité des retraites se mesure par le taux de remplacement, c’est-à-dire le montant de la première pension rapporté aux derniers
salaires d’activité. Ce rapport continuera de baisser fortement dans le secteur privé et particulièrement pour les classes moyennes si aucune garantie n’est mise en place. Nous défendons le
niveau des pensions de retraite dans la logique d’un «salaire différé».
Ceci nous place en dehors des postures et au-delà des tabous. Posture du gouvernement qui refuse toute recette sérieuse et toute perspective d’élargissement de l’assiette des prélèvement du type
TVA sociale. Tabou de ceux qui crient aux loups lorsque l’on parle du report de l’âge de départ, alors que pour les jeunes générations, il n’est déjà plus à 60 ans. Le projet du parti socialiste
rejette le report des 60 ans mais il admet les travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR) qui table sur 43,5 annuités de cotisation. Alors 22 ans (âge d’accès à l’emploi pour les
jeunes) + 43,5 annuités... cela fait une retraite à 65,5 ans, non ? Pourquoi autant d’hypocrisie sur un sujet qui mériterait de travailler tous ensemble dans le sens de l’intérêt général ?
Les plus de 55 ans seront peu touchés par la réforme qui sera forcément très progressive. Les carrières longues seront maintenues. Les jeunes ont bien compris que leur retraite ne sera pas
à 60 ans. Ils admettent de cotiser pour la retraite de leurs parents et ils se reconnaissent dans les valeurs de notre pacte social solidaire. Ils attendent simplement un message rassurant sur la
prise en compte de leurs années d’étude et sur le niveau de leur propre retraite. Nous revendiquons un «bouclier retraite» pour chacun en proportion des salaires d’activité. Le juste retour des
cotisations de toute une vie active ! La solidarité n’est pas à sens unique et ce rendez-vous retraite 2010, c’est celui de la défense de la retraite des jeunes générations. Nous irons le plus
loin possible par le dialogue et la proposition ; nous saurons manifester autrement si cela ne suffit pas.